Sans Toi

sanstoiSuffolk, 1984. Lors d’une promenade en mer, une tempête s’abat. Éva, 17 ans, passe par dessus bord. Lorsque son gilet de sauvetage est retrouvé, sa famille doit se résoudre à sa disparition définitive. Mais Faith, sa petite sœur, est persuadée qu’Éva n’est pas morte, et qu’elle est retenue prisonnière sur une île, interdite d’accès, de l’autre côté du rivage. 

Après « Jumelles« , Saskia Sarginson revient avec un roman, où il est de nouveau question de relations fraternelles et de mystères, faisant la part belle aux émotions et à la psychologie des personnages. On navigue entre le passé (la rencontre des parents d’Éva, la naissance de cette dernière), et le présent (où l’on perçoit la façon dont chacun des personnages fait face au drame). Une nouvelle fois, l’auteur est admirable dans son étude des comportements et très fine dans l’analyse de ses personnages. Pas de manichéisme ici, elle reste au plus proche des émotions, sans chercher à en faire trop. C’est une des grandes forces de ce roman. Car l’histoire en soi, si elle se lit sans déplaisir, ne passionne guère et semble s’étirer en longueur, offrant quelques passages obligés et usant souvent de grosses ficelles.

Il n’en reste pas moins que l’auteur sait décrire une atmosphère, faite de mystères et de légendes. Qu’elle sait particulièrement bien décrire cette région maritime, où l’on sent le vent et le sel de la mer. Et que le tout s’intègre bien dans son récit. Mais ensuite, difficile de s’enthousiasmer plus pour ce roman. Le passage de narration d’un personnage à un autre semble être utilisé pour faire gagner du temps (et des pages) à son auteur, pour mieux décrire les relations de chacun. Mais étrangement, on a du mal à s’attacher vraiment à eux. Ils nous semblent quelque peu irréels, même si l’auteur sait particulièrement bien les capter. On regrettera que le rôle de fille au pair échoit à une jeune Française particulièrement insupportable (soupir) et que la famille d’Éva semble complètement solitaire, comme réduite à un seul noyau, sans relations avec l’extérieur (un moyen peut-être plus facile pour mieux en décortiquer les blessures et les fêlures).

Au final, « Sans Toi » joue plus sur son atmosphère que sur son contenu, et il est dommage que l’on traverse ce roman sans véritablement s’y arrêter. L’auteur montre sa subtilité dans l’analyse des émotions et des comportements, mais elle laisse son intrigue en second plan. Alors qu’elle avait de bons arguments à faire valoir, autour de cette région du Suffolk et de ses légendes.

« Sans Toi » de Saskia Sarginson est disponible aux éditions Marabooks.
384 pages. Juin 2014.

« Sans Toi » fait partie de ma sélection pour le Mois Anglais, organisé par Chryssilda et Lou.

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