Jumelles

JumellesIsolte et Viola sont jumelles. Si la première est heureuse entre un métier de rédactrice de mode et son petit-ami photographe, la deuxième se laisse mourir d’anorexie dans un lit d’hôpital. Quel événement tragique de leur enfance a pu les séparer ?

Dans « Jumelles », il est question de mystère : un mystère qui nous enveloppe de par son atmosphère, avec une enfance sauvage, entre la forêt et la rivière, faite de liberté mais aussi de danger, de « mauvaises » fréquentations et du passage de l’enfance à l’adolescence. Et un mystère en filigrane tout au long du roman, à propos d’un événement qui aurait tout fait basculé, et dont les indices sont distillés peu à peu au cours des nombreux allers-retours dans le passé. Car la lecture est loin d’être linéaire. On suit en effet nos jumelles dans le présent, où leurs chemins ont bifurqué suite à cet événement qui a marqué leur enfance, et qu’elles ont appréhendé de façon totalement différente. Ce passé justement est lui aussi présenté dans le désordre, afin de maintenir le suspense, jusqu’au retournement final, qui fait toute la lumière sur ce que nous avions lu jusqu’ici. C’est un procédé certes intelligent, mais il n’empêche que le récit s’étire, se répète. On peut deviner ce point de rupture (je devrais arrêter de regarder trop de films ;), et pour le coup, le procédé semble quelque peu artificiel.

Pour autant, je me suis laissée entraînée dans cette histoire, avec des personnages intéressants. J’ai aimé les personnalités bien différentes de Viola et Isolte, et que Saskia Sarginson voit en elles deux identités à part entière plutôt que deux entités d’un même tout (en tant que jumelle pour de vrai, j’ai trouvé cela très appréciable ;). Même si j’ai eu la sensation que Viola nous semblait plus distante, alors qu’elle est la narratrice dans une grande partie du livre. La façon dont leur mère évolue et son parcours atypique de hippie est aussi bien traité (nous sommes dans les années 70), nous la rendant également attachante. Le fait de mettre en scène des jumeaux (qui sont les compagnons de jeu des fillettes) est un peu facile, mais cela fonctionne. En revanche, je n’ai pas adhéré au monde de la mode qui est celui dans lequel Isolte évolue. Il m’a paru stéréotypé et superficiel, je n’ai pas senti Saskia Sarginson avoir envie d’aller au delà de ces a priori (et cela n’était certainement pas son objectif par ailleurs). Même si la fin m’a semblé manqué de subtilité et a déployé quelques grosses ficelles, il n’en reste pas moins que ce premier roman est plutôt une bonne surprise, que j’ai eu plaisir à lire.

« Jumelles » de Saskia Sarginson est disponible aux Editions Marabooks.
384 pages. Juillet 2013.

« Jumelles » fait partie d’une Lecture Commune avec Bibliolingus à l’occasion du Mois Anglais, organisé par ChryssildaMartine et Lou.

le mois anglais 3

19 réflexions sur “Jumelles

  1. C’est vrai que le monde de la mode ressemble à ce qu’on entend dire, mais c’est peut-être aussi pour montrer que Viola n’y a pas sa place ;) Mon article est aussi en ligne (dis-donc, tu l’as mis de bonne heure !) et tu peux aussi écrire Bibliolingus tout attaché (comme Cunilingus) :P

  2. Je me demandais justement si tu étais plus attirée que d’autres lectrices par ce thème. Je t’avoue que je suis fascinée par les jumelles, je ne sais pas combien d’émissions j’ai regardé sur les jumelles.

    • Oui, c’est vrai que cela m’intéresse de voir comment la gémellité peut être traitée, et surtout les relations entre les jumelles/jumeaux (par rapport à tous les stéréotypes qu’on peut voir à la TV).

  3. C’est drôle de te voir parler de ce livre, alors que forcément tu en auras une vision très particulière, et vu que tu es encore une blogueuse pudique, je n’insiste pas , mais je me doutais (sans l’avoir lu) que tu aurais une lecture très critique…

    • Ahah, oui je suis toujours assez critique par rapport à la relation entre les jumeaux dans les livres, les émissions. Ca m’intéressait de voir ce que l’auteur a choisi d’en faire ;)

  4. Evidemment que ce livre m’intéresse. J’ai moi aussi une soeur jumelle. Je vois que Saskia Sarginson a des jumelles. Cela explique pourquoi elle sait que nous ne partageons pas un cerveau. Je note.

  5. J’ai enfin trouvé le temps de le lire ! J’ai beaucoup aimé la façon dont le récit a été écrit, cette façon de nous renvoyer dans leur passé. Mais je n’ai pas trop accroché aux moments de leurs vies d’adultes…. Un livre tout de même intéressant, merci :-)

  6. Pingback: Sans Toi | Les Mots de Marjo

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