La Fille qui brûle

CE QU’EN DIT L’ÉDITEUR
Julia et Cassie se connaissent depuis toujours. Amies siamoises, copines jumelles, elles savent tout l’une de l’autre et se fraient ensemble leur chemin vers l’adolescence. L’été précédant leur entrée en cinquième, elles fuient leur petite ville de Royston, dans le Massachusetts, par le biais de l’imagination. Enfoui au milieu d’une forêt subsiste un ancien asile dans lequel elles s’inventent des vies dangereuses. Et puis le quotidien reprend son cours, elles ne sont plus dans la même classe, se font de nouveaux amis et s’éloignent peu à peu. Elève studieuse, Julia se prépare pour le concours d’éloquence tandis que Cassie entame de mauvaises fréquentations. Julia observe, impuissante, son amie de toujours lui échapper et se fondre dans la peau, à vif, de quelqu’un qu’elle ne reconnait pas. Jusqu’à ce que Cassie disparaisse.

Dans son sixième roman, Claire Messud s’intéresse au passage de l’enfance à l’adolescence, à travers l’amitié de Cassie et Julia dans une petite ville près de Boston. Le fait que ses héroïnes soient des jeunes filles n’a rien d’anodin, car c’est aussi le moyen pour l’auteur de mettre en lumière la condition de la femme, et plus particulièrement les changements liés à cette période de vie où le regard des autres, les bouleversements scolaires, familiaux et amicaux, voire amoureux, sont déterminants et particulièrement pris à cœur. Ici Messud expose Cassie et Julia à des changements qui vont déliter leur amitié. Leur éloignement l’une de l’autre va se faire de façon lancinante mais brutale pour deux amies d’enfance. Il y a Julia la studieuse, dans un foyer stable, et Cassie la provoquante, en colère contre sa mère qui a fait entrer un homme qu’elle ne supporte pas au sein de leur famille et qui cherche la popularité au collègue auprès d’élèves moins fréquentables. Si les deux amies restent attachées l’une à l’autre, c’est plus par leur lien « historique » que leur affinité présente. C’est ce poids, ce changement, cette révélation que Messud décrypte avec beaucoup de finesse et de fluidité.

Rien de grandiloquent dans ce roman, où certains pourraient reprocher un manque d’action ou de rebondissements. L’auteur, bien sûr, ajoute des effets dramatiques qui peuvent parfois virer au cliché, mais elle n’entortille pas son récit dans l’invraisemblable ou le trop plein. Elle navigue à travers les tourments de l’adolescence, de la relation adulte-enfant avec une belle maîtrise. Chacun peut se reconnaitre ou reconnaitre des anecdotes de son histoire personnelle dans les différents passages évoqués, et dans les raisonnements de l’auteur. On n’échappe pas de temps en temps à l’ennui (je dois admettre que j’ai interrompu ma lecture à un moment pour me plonger dans un autre roman), mais en même temps, cela ancre aussi ce récit dans un certain réalisme. La fin en est aussi un très bon exemple. Messud ne cherche pas à surprendre son lecteur par un twist final, mais elle sème encore les petits cailloux de la vie réelle dans son histoire.

« La Fille qui brûle » de Claire Messud est disponible aux éditions Gallimard.
256 pages. Avril 2018.

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