La Vie rêvée de Rachel Waring

la vie revee de rachel waringA près de 50 ans, la vie de Rachel Waring prend un nouveau tournant. Elle hérite de la part d’une grand-tante d’un hôtel particulier à Bristol. Elle s’y installe alors, bien décidée à profiter de ses nouvelles richesses. Et décide même d’écrire la biographie de l’ancien propriétaire des lieux, un certain Horatio Gavin. Mais le comportement de cette nouvelle résidente ne tarde pas à attirer certaines convoitises, ou à mettre en lumière une certaine folie qui semble l’animer.

« La Vie rêvée de Rachel Waring » a « failli » recevoir le Booker Prize en 1982… Et d’ailleurs, John Carey, qui fut le président du jury cette année-là, justifie son choix à la fin du roman, lui qui avait défendu âprement ce qu’il considérait comme un chef-d’œuvre, mais qui était perçu comme trop déroutant pour l’époque. Il faut dire que l’auteur, Stephen Benatar, évoque une femme dont la folie apparait au fur et à mesure du roman, une femme souvent moquée, voire manipulée, par ceux en qui elle a le plus confiance. Une femme qui se couvre souvent de ridicule, sans s’en apercevoir. Une femme qui s’enfonce toujours plus profondément dans cette vie rêvée qu’elle croit bien réelle.

Si j’ai apprécié la plume de l’auteur, je dois avouer que j’ai trouvé Rachel particulièrement agaçante. Cette façon de s’émerveiller de tout, son côté naïf, un peu impulsif, voire ridicule, ses minauderies, tout cela m’a déroutée. J’ai eu du mal à m’attacher à cette héroïne, même si j’ai éprouvé une certaine empathie pour elle. Car la pauvre ne se rend pas compte du regard que les autres posent sur elle. Elle se berce souvent d’illusions et subit les manigances des uns et des autres, que l’on sent poindre ça et là. L’auteur écrit à travers la voix de Rachel, si bien que l’on ne sait jamais si ceux qui l’entourent sont bienveillants, ou cherchent à profiter d’elle. Ils vivent à travers le regard qu’elle se fait d’eux, elle qui se croit irrésistible et particulièrement spirituelle. Benatar joue sur cette ambiguïté tout au long du roman. Et si le procédé est intéressant et fait s’interroger le lecteur, j’avoue que je me suis quand même un peu ennuyée à la lecture de ce récit.

L’auteur est malin pour nous faire entrer dans l’univers de Rachel et distiller des indices ça et là. Il esquisse une galerie de personnages, que l’on ne sent pas sincères, mais que l’on a aussi du mal à cerner. On sent que l’auteur s’amuse follement avec son héroïne, et qu’il se plait à en décortiquer les manies, les lubies et les réflexions (puisque Rachel commente absolument tout ce qu’elle voit et ce qu’elle fait). Malheureusement, je n’ai pas vraiment réussi à entrer dans son jeu. Même si je comprends les qualités que l’on peut trouver à ce roman, je n’ai pas réussi à l’apprécier à sa juste valeur. Et je comprends pourquoi il a pu être considéré comme un ovni à sa sortie, voici plus de 30 ans.

« La Vie rêvée de Rachel Waring » de Stephen Benatar est disponible aux éditions Le Tripode.
350 pages. Août 2014.

« La Vie rêvée de Rachel Waring » fait partie de ma sélection pour le Mois Anglais, organisé par Chryssilda et Lou.

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