Croire au merveilleux

Après la mort de Paz, César n’a plus le goût de vivre. La présence de son fils de 6 ans n’y fait rien. César se sent incapable d’offrir un avenir à celui qui lui rappelle tant les traits et le caractère de sa femme. Alors, César a décidé de mourir, en laissant tout en ordre derrière lui. Mais alors qu’il s’apprête à avaler un cocktail médicamenteux néfaste, quelqu’un sonne à sa porte. C’est sa nouvelle voisine, Nana, la vingtaine flamboyante et impertinente, qui a oublié ses clés. Et si cette rencontre allait tout bouleverser pour César ?

Après le sublime et poétique « Plonger » (Prix de l’Académie Française 2013), Christophe Ono-dit-Biot est de retour avec la suite de l’histoire de César. On le retrouve, en deuil de l’être aimé, mais dont le coeur est si meurtri qu’il n’imagine pas continuer à vivre. Véritable fantôme, César se consume dans une Europe en proie à une violence inexplicable et terrifiante. Une Europe qu’il pensait écrin de paix, et dans laquelle il souhaitait enfermer Paz pour la protéger des dangers du monde. Mais auourd’hui, César s’interroge sur ses croyances, et en arrive au point où il ne supporte plus de vivre. C’est sans compter Nana, grecque, érudite, virevoltante. Elle sauve César sans le savoir, et sa passion de l’Histoire et de la Littérature trouve un écho en ce dernier. Leurs échanges sont une formidable occasion de redonner vie à des mythes, des époques, des personnages (moi qui ait été une latiniste passionnée de mythologie et d’Histoire, c’est dire si ces passages m’ont parlé). Le roman brille par cette passion de la Grèce et du monde Antique, avec grâce et sans effet pompeux.

Le style de Christophe Ono-dit-Biot a lui gagné une nouvelle fois en puissance. Son texte est à la fois brut, passionné, parfois enragé, parfois désespéré. Il a une vraie identité. Mais toujours cet amour pour ses personnages, et surtout celui d’un homme pour son fils. D’un homme pour sa femme. A travers ses différents voyages, César part à la recherche de Paz, mais part surtout à la recherche de lui-même. Un nouveau voyage qui va lui permettre de reprendre goût à la vie, et surtout lui donner envie de croire que le meilleur n’est pas seulement derrière lui. Avec finesse et une belle psychologie, l’auteur nous offre de nombreux passages poignants, qui m’ont même donné les larmes aux yeux. Surtout lors du dernier chapitre, hommage sublime et majestueux à deux coeurs qui battent à l’unisson. Malgré leurs différences et leurs désaccords. Christophe Ono-dit-Biot prouve une nouvelle fois que l’amour est plus fort que tout. Et que le partage et la transmission sont nécessaires, et pas le moins du monde datés. Après « Plonger », c’est une nouvelle fois un roman d’une beauté et d’une profondeur magnifiques. Un véritable coup de coeur, sculpté dans les mots et dans la force des sentiments.

« Croire au Merveilleux » de Christophe Ono-dit-Biot est disponible aux éditions Gallimard.
234 pages. Mars 2017.

13 réflexions sur “Croire au merveilleux

  1. J’avais lu Birmane, qui ne m’avait pas spécialement marquée. Comme tu dis que son style a changé, j’essayerai peut-être celui-ci. L’auteur était samedi sur France-Inter avec Clara Dupond-Monot (https://goo.gl/XdsTzI) et j’ai été assez tentée du lui donner une deuxième chance.

    • Honnêtement il a beaucoup évolué depuis « Birmane » (je l’avais lu après « Plonger » et j’étais restée sceptique, alors que « Plonger » était juste magnifique). Là, on est embarqué aussi, c’est très beau, je te le conseille vivement !

  2. Je ne connais pas cet auteur, mais vu le grand bien que tu dis de son précédent roman et de celui-ci et surtout sur son écriture – il va falloir que je le découvre !

  3. Rhooo! J’avais peur d’être déçue aussi mais j’aime tellement César que j’étais prête à courir le risque. Je l’achète très bientôt. Dommage quand-même pour la dédicace.

    • Ouiiii César fait un très beau retour !! Et l’écriture est différente, mais le charme opère totalement ! Il faudra qu’on le croise ailleurs notre ami Christophe <3

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