Falaise des Fous

Fin du XIXe siècle. Charles Guillemet est installé à Etretat depuis des années et vit paisiblement, entre les sorties en mer et le temps passé avec son oncle. Revenu blessé de la guerre coloniale en Algérie, il mène une vie simple. Mais en découvrant Monet qui peint sur les falaises, il ne se doute pas que son destin va être bouleversé. Non seulement par la découverte de la peinture, mais aussi par l’arrivée de Mathilde, femme mariée, avec qui il va vivre une passion pendant des années, et qui va l’initier non seulement à l’amour, mais aussi à l’art.

Dans « Falaise des Fous », Patrick Grainville capture un morceau de l’histoire française, en mettant en scène un homme, Charles Guillemet, orphelin de mère, qui n’a jamais connu son père, et qui cherchera une part de cet amour volé tout au long de sa vie. Cette page de la petite histoire qui s’intègre dans la grande, est un très bon prétexte pour mettre en lumière l’essor des impressionnistes, le scandale Dreyfus, les horreurs de la Grande Guerre ou encore les espoirs de progrès liés à l’exposition universelle ou encore la traversée de l’Atlantique de Lindbergh. Autant de sujets qui donnent corps à ce récit pour en faire une vraie fresque romanesque. A cela s’ajoute bien sûr plusieurs histoires d’amour qui vont faire évoluer notre personnage principal. Ce récit, riche de détails, d’anecdotes et de recherches, est un document qui vaut le coup d’œil pour découvrir une époque.

Si l’exercice se révèle très intéressant, il m’a fallu beaucoup de patience pour réussir à vraiment m’y plonger (la moitié du roman à vrai dire). En effet, au début, il est essentiellement question de peinture et des liaisons amoureuses de Charles (avec des détails anatomiques dont on aurait pu se passer, car pour la sensualité et la poésie, on repassera). J’ai eu du mal à tourner les pages, et à m’intéresser aux destins des différents personnages. J’ai également eu des difficultés avec la manière qu’avait Patrick Grainville d’étaler son érudition sur la peinture et les artistes de l’époque. J’ai davantage eu le sentiment d’être face à un catalogue qu’à un récit cherchant à imbriquer au mieux les différents protagonistes. Il a fallu que le contexte politique et social gagne en complexité pour que le récit prenne plus d’ampleur et un souffle plus profond. Grainville met particulièrement bien en exergue les questions sociétales et raciales mais aussi les pensées de cette génération sacrifiée de la Grande Guerre avec ses traumatismes. Dommage que l’on ressente l’effet du recul de l’histoire pour qu’il fasse parler certains de ces personnages, faisant perdre certains dialogues en crédibilité. Malgré les défauts que je lui vois, « Falaise des Fous » reste un roman intéressant par sa portée historique. Merci à Valérie pour cette découverte. Vous pouvez d’ailleurs découvrir son avis ici.

« Falaise des Fous » de Patrick Grainville est disponible aux éditions Seuil.
648 pages. Janvier 2018.

9 réflexions sur “Falaise des Fous

  1. j’aime tout ce qui touche à l’art et à la peinture mais tes bémols (et les histoires d’amour) me disent que non, il n’est pas fait pour moi

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