Un Gentleman à Moscou

CE QU’EN DIT L’ÉDITEUR
Au début des années 1920, le comte Alexandre Illitch Rostov, aristocrate impénitent, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin. Acceptant joyeusement son sort, le comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l’hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée   – officiant bientôt comme serveur au prestigieux restaurant Boyarski –, des diplomates étrangers de passage – dont le comte sait obtenir les confidences à force de charme, d’esprit, et de vodka –, une belle actrice inaccessible – ou presque ­–, et côtoie les nouveaux maîtres de la Russie. Mais, plus que toute autre, c’est sa rencontre avec Nina, une fillette de neuf ans, qui bouleverse le cours de sa vie bien réglée au Metropol.
Trois décennies durant, le comte vit nombre d’aventures retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les bouleversements la Russie soviétique.

Attention coup de cœur ! Après « Les Règles du Jeu », prix Fitzgerald en 2012, Amor Towles revient avec un récit balayant 40 ans de l’histoire russe à travers le destin d’un comte, assigné à résidence dans un hôtel de luxe, à cause d’un poème subversif pour le pouvoir en place. Avec élégance et sensibilité, une pointe d’humour et beaucoup de profondeur derrière le masque de la légèreté, Amor Towles nous offre un bonheur de lecture, qui se déguste avec patience et un plaisir évident à chaque page tournée. Pour moi qui ai toujours été intéressée par l’histoire de la Russie, celle des tsars ou encore les années 1920, c’est dire si ce roman fourmille d’anecdotes dans un contexte économique et politique impressionnant. Car à travers la vie d’Alexandre Rostov, c’est celle d’un pays qui se joue derrière les portes de l’hôtel Metropol. On y parle de collectivisme, de bolchevisme, de goulag, d’aristocratie défaite, de passage à l’Ouest, de conflit russo-américain… Mais ces sujets graves sont traités avec subtilité et cette pointe de recul qui empêche de trop dramatiser le récit.

Si le contexte est riche, les personnages le sont tout autant. A commencer par le comte Alexandre Illitch Rostov, prisonnier pendant plus de 30 ans, dans un hôtel certes, mais prisonnier quand même. Sa captivité, il la prend comme une nouvelle épreuve dont il peut sortir grandi. A travers ses yeux, chaque tourment, chaque humiliation est une aventure qu’il prend avec optimisme et grâce. Malin, joueur, amical, le comte est un homme dont les blessures du passé et du présent n’entachent pas le caractère. Et il en faut pour tenir tête à Le Fou, directeur du Metropol qui ne cherche qu’à l’abaisser et à lui nuire. Heureusement il peut compter sur le personnel de l’hôtel pour illuminer ses journées : le cuisinier Emile, le concierge Vassili, la couturière Marina ou le chef de rang Andrei, tous plus attachants les uns que les autres. Ou encore sur l’actrice Anne Urbanova (une femme belle et forte comme la Russie les aime) ou encore sur la jeune Nina, pleine d’audace et ensuite sur sa fille d’adoption Sofia. Une galerie de personnages qui humanisent cet hôtel et dont on prend plaisir à suivre les aventures. Tantôt cocasse, tantôt sérieux, ce « Gentleman à Moscou » est un condensé de vie russe dans un roman lumineux.

« Un Gentleman à Moscou » d’Amor Towles est disponible aux éditions Fayard.
572 pages. Août 2018.

« Un Gentleman à Moscou » fait partie de la Sélection de Septembre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2019.

6 réflexions sur “Un Gentleman à Moscou

    • Oui à première vue, cela parait surprenant, mais à la lecture cela parait tellement naturel, et c’est d’une belle fluidité. J’ai vraiment adoré :) Il ne se passe pas forcément grand chose mais c’est très bien écrit, intelligent et touchant.

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